Rencontres professionnelles à Bruxelles: Les médias de l’information

En janvier 2019, lors d’un temps de travail du groupe d’Appui du Pôle Média national des Ceméa, nous avons fait un état des lieux, un partage de nos pratiques et une liste questions concernant nos approches de l’éducation aux médias de l’information. Une formation sur cette thématique s’est déroulée à Amiens à la même période permettant un regards croisés sur nos rapport à l’information, les besoins de formation des publics que nous identifions, le journalisme à l’heure des réseaux sociaux… avec la participation de : Martin Culot (médias-animation-Belgique) co-auteur du site theorieducomplot.be,  Sophie Jehel ( Université Paris 8 Saint-Denis – Chercheure au Laboratoire CEMTI), Valérie Rohart – Journaliste, François Laboulais- Pôle Médias national des Ceméa et 15 militants formateurs du réseaux des Ceméa. Ce rendez-vous s’inscrivait dans un projet soutenu par le Ministère de la Culture.

Ce séjour d’étude à Bruxelles poursuit l’ambition de continuer nos travaux sur l’éducation aux médias de l’information, et est financé dans le cadre d’Erasmus+.

 

 

Engagés depuis plus de 10 ans dans les projets européens, les CEMEA développent une stratégie d'ouverture à l’Europe et à l’international dans le cadre de formation et de coopération autour de dispositifs variés, cohérents et complémentaires : des projets de mobilités avec les programmes Leonardo, OFAJ et SVE, des projets de coopération avec les programmes Comenius et Grundtvig ou des projets multilatéraux. La réflexion politique et pédagogique s’est appuyée sur cette question de départ : quelle est le sens de la dimension européenne dans la formation professionnelle ? Et comment l’articuler avec le travail sur l’animation au niveau local ? Les CEMEA ont placé au cœur de cette stratégie l’éducation au monde, à la citoyenneté .
Le Pôle Europe et International de l'Association nationale des Ceméa

Quelques temps forts

Rencontre avec l’équipe Ceméa Belgique  le 13 juin 2019, échange de pratiques

Par Julien Lejeune

 Les C.E.M.E.A de Belgique, représentés par Alain Buekenhoudt et Chala Dam, commencent leur questionnement sur les enjeux éducatifs liés aux pratiques médias-numériques. Lors de ce temps, nous présentons trois démarches éducatives et leurs ressources pédagogiques mises en œuvre dans le réseau Ceméa français .
– Le dispositif régional « éducation aux écrans » . Depuis 10 ans, ce dispositif propose à des élèves de secondes de Normandie, d’interroger leurs rapports avec les réseaux sociaux et les effets sur leur vie privée et public, leur e-réputation, l’économie, les risques… Une des activités  du dispositif est présentée permettant aux jeunes de s’interroger sur leur choix de publication, en appui d’une série d’images types.
– Le dispositif D-clics numériques. Plus précisément le “Parcours vidéo” (et ses applications) permet de jouer avec le sens de l’image et du son, d’expérimenter des éléments d’écriture audiovisuelles sur des enjeux de montage, d’association son-image et autres éléments de base de l’écriture vidéo.
– L’éducation aux médias de l’information. Cette démarche de formation est composée d’ateliers abordant le sens de l’information aujourd’hui, le cadre légal de la liberté d’expression, la compréhension du travail de journaliste et le rapport avec les citoyens. Ce travail est construit par le Pôle Médias des Ceméa en associant des journalistes et des spécialistes de l’éducation aux médias.

Chacun de ces temps de présentation étaient suivis d’un temps d’échange afin d’identifier ce qui enrichir le projet de nos homologues belges concernant les médias de l’information et les pratiques numériques, et affiner leurs visions des enjeux éducatifs en fonction des publics accompagnés et formés. Certaines de nos ressources semblent directement ré-exploitables, alors que d’autres devront s’adapter à leurs réalités de terrain.

Rencontre avec l’équipe Média-Animation

Par Sébastien Jolivet

Daniel Bonvoisin (responsable de l’équipe permanente) et Martin Culot (formateur de l’association) nous ont accueillis dans leur locaux,  à l’association Média-Animation Communication et Education.

Média Animation emploi environ 40 personnes pour ses deux pôles d’activité ; un pôle Education aux médias et une agence de communication. Le pôle Education s’attache à la partie conception de formations et création de ressources pédagogiques, l’agence est chargée de développer des objets numériques, films, sites, médias divers… Média Animation est principalement financé par des fonds publics de la communauté francophone de Belgique ( environ 4 millions d’habitants).

L’objectif de l’éducation permanente est de mener des action d’éducation aux médias dans une perspective d’éducation populaire. Daniel Bonvoisin dit travailler au diapason de ce que veut le public c’est une approche horizontale, qui s’appuie sur les pratiques des personnes et moins en fonction des programmes de politiques publiques.

Depuis 2008 il existe en Belgique le Conseil Supérieur de l’Education au Média ( CESEM ). Il est désigné politiquement et composé de plusieurs représentants issus d’associations, dont Medias Animation, et des réseaux d’enseignement. Il fonctionne en groupes de travail. Le Cesem dépend de deux Ministères ( L’Enseignement et la Culture) ; l’un de ses objet de travail a été de créer un référentiel de compétence dans le domaine de l’éducation aux médias. Le CESEM n’est pas un équivalent de la CNIL française. Il y a un organisme désigné qui est la Commission de la Vie Privée.

Comment identifier les besoins et les pratiques numériques des publics ? Daniel Bonvoisin nous explique qu’il n’y pas une culture de l’enquête publique en Belgique. Néanmoins,  les associations se chargent de publier des enquêtes ; il y a un CSA qui observe les usages médiatiques et des organismes qui font enquêtes de consommateurs…

Conclusion  très succincte de nos échanges…

Pour Médias-Animation, “Notre approche c’est d’avoir une ambition large pour aborder l’éducation aux médias. Nous distinguons :  les médias d’information &  les médias de fiction ( cinéma, jeux vidéo, pop culture ). Nous rajoutons dans cette approche toutes les pratiques populaires – usages des réseaux sociaux, partages communication…

Deux axes de travail:  1°) L’analyse critique ; avec des formations thématique rapport entre média et genre, la publicité, l’argent… 2°) La création de média par les gens. Faire c’est la meilleur manière de se rendre compte des chose ». Ces deux axes se complètent en fonctions de la spécificité des actions et des cultures des publics.

 

Rencontre avec l’équipe Education aux médias de RTBF

Par Sophia Hamadi

Stéphane Hoebeke , juriste à la Direction juridique  et responsable de l’éducation aux médias à la RTBF nous a accueillis dans les locaux de la radio-télévision belge à la suite de notre demande. Notre souhait était de comprendre comment un média de l’information de service public contribue à une éducation aux médias, particulièrement à l’ère de la désinformation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Radio-Télévision belge de la Communauté française (RTBF) est une entreprise publique autonome à caractère culturel responsable du service public de la radio et de la télévision pour la Communauté française de Belgique (Wallonie et Bruxelles). Elle succède le 12 décembre 1977 à la Radiodiffusion-télévision belge (RTB) et dispose actuellement de trois offres : une offre radio, une offre télévisuelle et une offre Internet. Wikipédia

Chaque année, un plan d’éducation aux médias est validé à la RTBF, en partenariat avec le Conseil Supérieur de l’Education aux Médias (CSEM).

Le plan met l’accent sur plusieurs axes :

  • Le développement de contenus audiovisuels, qui peuvent être spécifiques à l’éducation aux médias.

  • La pérennisation et l’appui sur le lien entre éducation aux médias et travail journalistique. Cela est notamment mis en œuvre à travers le programme INSIDE, qui permet au public de poser des questions à la rédaction sur leur méthodes de travail et modes de fonctionnement. Ces réponses sont essentiellement diffusées à travers des articles, même si l’équipe est en discussion pour décliner le programme sur d’autres supports.

  • La création de contenus pour enfants, adolescents et le grand public, sur la transition numérique, pour permettre aux citoyens d’être informés sur notre environnement médiatique connecté.

  • Le développement d’une culture participative, pour encourager les citoyens à être acteurs dans notre société numérique.

  • La transparence, pour expliquer au mieux les choix éditoriaux.

  • La médiation, en proposant des visites et des ateliers.

  • Le renforcement du partenariat avec les écoles, le secteur jeunesse et le secteur associatif.

  • La participation à des événements autour de l’éducation aux médias (Semaine européenne de la presse, Quinzaine de l’éducation aux médias…).

Grégoire Ryckmans, journaliste à la RTBF, a présenté des outils et méthodes utilisés pour vérifier les sources journalistiques. Ces sources proviennent en majorité de journalistes de l’agence interne avec lesquels ils se coordonnent. Les informations sont récoltées et traitées par les journalistes de terrain, déployés même au niveau local pour être au plus près de l’information. En parallèle, de la veille est même faite sur les réseaux sociaux pour récupérer de l’information brute.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On remarque un intérêt fort pour la collaboration au sein de la rédaction, qui multiplie les partenariats. Par exemple, à travers la plateforme « Source Sûre » permettant d’anonymiser les personnes à l’origine d’une information sensible, et dans laquelle sont intégrés Le Monde et Le Soir. Ou encore dans la conception de l’application pilote de fact-checking Faky, un détecteur de désinformation capable de donner un score moyen sur les traitements des sources par leurs partenaires (e.g. Les Décodeurs).

Même si depuis peu en Belgique les sources sont protégées par la loi, la rédaction de la RTBF porte un intérêt très fort pour la transparence, et ce, autant au travers de leur mission pour l’éducation aux médias, que de leurs multiples partenariats. Confiance et qualité de l’information sont les axes prioritaires que la RTBF semble vouloir privilégier face aux enjeux de la désinformation.

Quelques réalisations de supports éducatifs

L’ABC du journalisme : https://www.rtbf.be/entreprise/education-aux-medias/detail_questions-medias?id=10023379

Les Décodeurs RTBF, une revue de l’actualité médiatique et numérique: https://www.rtbf.be/lapremiere/emissions/detail_les-decodeurs-rtbf?programId=8851#toplivearea

 

 

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