« Ce sont les films qui décident le style de musique », nous confie Raphaël Howson, le pianiste du trio « Le Bruit de la pellicule », qui s’est produit le jeudi 29 mai à l’Astrolabe de Figeac. Ils étaient trois musiciens à accompagner musicalement des films burlesques du XXe siècle.
Le groupe a joué en direct une illustration sonore (musique et bruitages) de trois films muets des années 1920 : The Battle of the Century, Never Weaken (Voyage au paradis) et Behind the Screen avec Charlie Chaplin.
Le principe : grâce à divers instruments, le groupe produit la musique qui accompagne fidèlement les rebondissements des scènes des films, avec beaucoup d’humour.
Des instruments insolites
Adrien Rodriguez, le contrebassiste, nous explique les différents effets. Certains sont produits grâce à un clavier maître, comme un miaulement de chat, par exemple. Des objets insolites servent aussi à accompagner : Quentin Ferrarou, le percussionniste, nous présente la « washboard ». Il s’agit d’une planche en aluminium, originaire de Louisiane, permettant initialement de laver le linge. Grâce à des dés à coudre à chaque doigt, il suffit de frotter la planche pour obtenir un bruitage métallique.
Le groupe utilise également différents appeaux, des castagnettes, des sifflets, et même une flûte coulissante pour faire des bruits de chutes.
Les musiciens se répartissent ces rôles pour obtenir un résultat impressionnant.
La « washboard »
Un travail rigoureux
« Ça demande beaucoup de concentration »
Le travail des musiciens n’est pas ordinaire. Il leur demande d’être parfaitement coordonné entre eux et avec le film projeté en arrière plan.
La composition se fait en plusieurs étapes : Raphaël nous les a détaillées.
« Tout d’abord, je reçois le film sans musique. Il faut ensuite écrire les thèmes. »
Cette étape essentielle lui demande environ trois semaines. L’avantage des films muets est qu’ils laissent place à une grande liberté de création.
« The Artist » de Michel Hazanavicius, sorti en 2011, est un des plus récents films muets, et il est aussi très intéressant en ciné-concert, qui ne se limite pas au genre burlesque.
Le groupe se réunit ensuite pour synchroniser le son et l’image et faire les premiers tests. Il leur faut ensuite peaufiner leur musique et la répéter avec le film jusqu’à la coordination parfaite.
Cela donne l’impression au public que les musiciens improvisent en direct, même s’ils ont des grilles d’accords.
« Certaines choses sont écrites, et d’autres sont improvisées en direct. »
Un format méconnu
Depuis plus de 10 ans, Le Bruit de la pellicule fait des ciné-concerts en plein air à travers le Lot, où ils seront en tournée cet été 2025. Ils ont fait leurs débuts en partenariat avec la Cinémathèque de Toulouse, qui leur a remis le prix Synchro de 2024.
À l’origine, les trois musiciens ont suivi une formation classique au conservatoire de Toulouse, où ils se sont rencontrés dans un groupe de swing.
Ils ont ensuite été contactés par la Cinémathèque de Toulouse, qui a déjà cette tradition de faire jouer des musiciens pour accompagner des films muets.
« Parfois, le film projeté n’a pas la même version que celle sur laquelle nous avons répété ! »
Comme il existait plusieurs versions des films muets à l’époque, les versions restaurées peuvent être différentes de quelques secondes.
« Dans ce cas, il faut être prêt ! » raconte le pianiste en souriant.
Vous pouvez retrouver le trio « Le bruit de la pellicule » sur les réseaux sociaux et en tournée dans le Lot.
Facebook : ici
Découvrez le teaser de Le bruit de la pellicule.
Rédigé par Charlotte PARSY