LE PORTRAIT: Tristan Mélia, un pianiste d’exception

FI’JAZZ

Le portrait : Tristan Mélia

Nous avons eu la chance de rencontrer le jeune et talentueux pianiste ainsi que d’échanger avec lui lors d’un concert a l’auditorium de l’école de musique de Figeac. Découvrez ici son parcours et son rapport à la musique dans une interview réalisée par deux jeunes web-journalistes du festival.

Pourriez-vous nous parler de vos origines, que ce soit géographiquement ou socialement parlant, mais surtout vos de origines par rapport à la musique ?

« J’ai commencé la musique à neuf ans et avant j’étais un enfant, aimé par mes parents. Mes parents sont mélomanes*, mon père aime le jazz , ma mère aime le piano. Je ne sais pas quoi vous dire de plus. »

Est-ce que vous pouvez nous raconter votre parcours ?

« Alors, je suis venu au monde, j’ai commencé le piano à neuf ans, mais je m’y suis intéressé très sérieusement à douze ans avec un monsieur, Laurent Hernandez, qui faisait du piano-bar. Mes débuts ça a été d’apprendre non pas la musique classique, mais les blues, les tangos, les tchatchas, les Beatles, j’ai commencé par jouer ça.

Comme j’adorais ça et qu’apparemment j’étais doué, j’ai pu intégrer l’IMFP, l’institut musical de formation professionnelle. J’y suis rentré à treize ans et j’ai fait ça pendant 4 ans. En parallèle j’ai fait le conservatoire de Manosque, et j’ai aussi fait une petite incursion au conservatoire de Lyon. Mais comme je faisait les allers retours Nîmes, Lyon, ça ne marchait pas trop donc j’ai arrêté d’aller a Lyon. J’ai passé le concours à Manosque.

Je devais avoir dix-huit ou dix-neuf ans quand j’ai commencé à aller voir Giovanni Mirabassi, un pianiste, un très grand maître qui m’a vraiment encouragé et dans la foulée j’ai sorti mon premier disque qui s’appelle « un moment loin de toi ». C’était mon premier travail, il est sorti mais à très faible exemplaires.

Donc, Giovanni m’a beaucoup encouragé et m’a donné un contact, Thomas Bramerie qui est un grand contrebassiste. Je lui ai posé une question un jour, je lui ai dit : « Mais Giovani, comment tu as fait pour réussir ? », et alors il m’a dit « et bien, je suis allé dans un studio que je ne pouvais pas me payer, avec des musiciens que je ne pouvais pas me payer. Et donc, j’ai fait ça. Je suis allé dans un studio avec de grands musiciens et j’ai fait mon deuxième disque, qui a bien marché parce qu’il a reçu un prix. Et comme il a été écouté plus de 2 millions de fois, ça m’a permis de rebondir et donc de faire un deuxième disque qui a aussi reçu de bonnes critiques, mais c’est un hasard. Et donc, de bonnes critiques en bonnes critiques, j’ai mon troisième disque qui sort dans quelques mois. »

Quel âge avez-vous ?

« Je suis vieux maintenant, j’ai 28 ans. Avant, quand je disais :« j’ai dix-huit, dix-neuf ans » on m’appelait « le prodige ». Maintenant, c’est fini et c’est mieux ! »

Pourquoi Fi’jazz, et comment vous êtes vous retrouvé à jouer pour nous ?

«  Je ne connaissais pas du tout. En fait, on m’en a parlé et c’est un ami qui a négocié pour que je puisse venir jouer. Moi, je ne connaissais pas du tout et j’avoue que je n’ai pas fait grand-chose pour le coup. J’ai été accueilli ici de façon très très familiale, et ça c’est bien et c’est rare. Des fois, on joue dans de très grand festivals, et on est mal accueillis, alors parfois on joue dans des petits endroits comme ça qui font de belles choses, car il y a un bel auditorium, et surtout un bel accueil. C’est souvent des endroits où il y a des bénévoles, où les gens veulent bien faire et moi je préfère jouer dans des endroits comme ça, c’est très agréable. »

Une dernière question, si vous deviez donner un conseil à votre vous enfant, quel serait-il ?

« Ce n’est pas facile. Je lui dirai de ne pas faire que de musique, parce que moi j’étais un fou de piano, je ne faisais que ça. Je lui dirais : « Tristan, calme toi, ça ne va pas trop mal se passer, ouvre toi un peu, fais toi des amis, fais un peu plus de sport, pas que du piano. À un moment donné, j’ai même développé une névrose, je faisais 10 à 12h de piano par jour. Alors certes on gagne en technique, en plein de choses, mais on perd des fois un peu en cœur, et je crois qu’un dicton dit : « c’est de l’abondance que la bouche parle », et moi je crois que c’est de l’abondance du cœur que la musique parle. Le travail du piano, de la musique c’est à un certain moment remplir son cœur de bonnes choses, et donc lâcher un peu la musique. Donc, c’est ce que je me dirais : « Tristan, fais toi des amis aussi ». C’est un conseil bizarre, mais c’est celui que je me donne. »

Alors, c’est qu’il est important. Merci beaucoup d’avoir répondu à nos questions.

Mimie et Clem

*personne qui aime la musique

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